Le Potager du Bois
Entretien avec Renaud, Directeur d’Interface-Formation, l’Association derrière Le Potager du Bois, un chantier d’insertion basé sur la culture maraîchère. Renaud évoque l’activité de l’Association et du Potager.
Bonjour Renaud, pourriez-vous décrire en quelques mots l’Association derrière Le Potager du Bois : Interface Formation (date de création, objectifs, équipe, …) ?
Interface-Formation est une association qui a pour but d’aider des personnes à l’insertion professionnelle. Le public avec lequel l’association travaille est constitué de personnes non qualifiées, ou à bas niveau de qualification. Le but est de les former, de les remettre à niveau ou bien de les préparer à des concours ou formations pré-qualifiantes mais aussi à les préparer à l’obtention de titres professionnels de niveau 5 similaires à celui du CAP. Les personnes que nous accompagnons sont des demandeurs d’emploi qui parfois cumulent des difficultés d’insertion.
Le Potager du Bois est l’un des supports de formation de l’association. Il s’agit d’un chantier d’insertion basé sur la culture maraîchère. Avec les chantiers d’insertion, la notion d’insertion professionnelle est encore plus présente car c’est un dispositif réservé aux personnes qui ont également des difficultés d’ordre social. Sur nos chantiers, 2/3 des personnes accompagnées sont bénéficiaires du RSA. Nos « financeurs » institutionnels sont la Ville de paris et État.
L’association Interface-Formation existe depuis 1995. J’ai la chance d’avoir participé à sa création avec les membres fondateurs.
Quel est votre parcours à vous plus particulièrement ?
Je suis un autodidacte qui a toujours eu la volonté de créer des choses. Création d’une troupe de théâtre, d’un groupe de musique… J’ai aussi participé à plusieurs projets : de la rénovation immobilières où j’ai exercé tous les corps de métier. Dans mon parcours professionnel j’ai également travaillé dans une SSII, j’ai fait mille et un métiers : vendanges, aide cuisinier, manœuvre, vendeur, surveillant en internat, formateur. Il n’y a pas vraiment de fil rouge, de fil conducteur dans mon parcours. Il y a des gens qui se destinent à secteur d’activité. De mon côté il s’agit plutôt de la volonté de créer des projets, et en particulier ceux avec une dimension sociale et environnementale. J’aime pouvoir transmettre et former les gens. De voir les gens évoluer. C’est quelque chose que l’on retrouve bien sûr dans l’association. La pédagogie, le social sont des domaines qui me passionnent.
Quelles valeurs rassemblent les membres de l’association ?
Il y a d’abord le cœur de l’activité de l’association : l’insertion professionnelle. C’est une première chose : former les gens. Cela fait partie de notre ADN. C’est aussi d’accompagner une transition vers une alimentation durable. Les problématiques d’alimentation et les préoccupations environnementales sont des sujets importants pour l’association. Notre planète ne va pas bien (elle est fiévreuse). Il y a une urgence à changer de paradigme et de changer nos modes de consommation, de sortir de cette agriculture conventionnelle, et de développer des choses bien plus respectueuses de l’environnement. Ce sont des éléments auxquels l’association est très attachée. Pour revenir à notre parcelle maraîchère en permaculture, ce mode de gestion demande plus de main d’œuvre. Économiquement ce n’est pas toujours facile…
Qu’est-ce que Le Potager du Bois ? Quel est l’objectif de l’association Interface Formation derrière Le Potager du Bois ?
Il y a eu un appel à projets en 2017 auquel nous avons répondu et nous avons été retenu. Plus précisément, c’est un collectif auquel nous appartenons qui a été retenu. Ce collectif s’appelle « Cultivons la ville » et réunit quatre associations qui travaillent dans l’insertion professionnelle dans le secteur des espaces verts et de l’agriculture urbaine et une autre strucuture, Topager, qui est une startup experte dans le maraîchage.
Topager nous forme apporte son expertise dans la mise en place des cultures. Depuis début mai nous avons embauché une responsable de cultures.
Pour l’instant il y a donc une chef de culture au Potager du Bois et également deux salariés qui sont en insertion et qui bénéficient d’un CDDI (Contrat à Durée Déterminée d’Insertion) de douze mois. Ce type de contrat ouvre droit à des aides qui financent 80% du poste. Ces personnes bénéficient d’un accompagnement social et d’une formation qualifiante. Nous les accompagnons aussi sur leurs projets professionnels. L’objectif est qu’elles trouvent un emploi sur le secteur marchand à l’issue de leur contrat.
Le Potager du Bois vient d’être lancé. Nous venons de finaliser le recrutement. 8 salariés d’un autre chantier d’insertion à Bercy sont venus aider pour les travaux préliminaires. Hier même, les premières plantations ont été réalisées et le Potager du Bois est maintenant en phase de production.
Avez-vous un exemple d’une personne ayant réussi sa réinsertion professionnelle via un projet d’agriculture urbaine ?
Patrick un salarié actuellement en suite de parcours se prépare à son installation en maraîchage Bio. Il est en alternance depuis un an à St-Germain-en-Laye. L’idée est qu’il monte sa culture, qu’il devienne lui-même maraicher Bio.
Sur le Potager du Bois, l’un des salariés est un monsieur qui a déjà été maraicher. Il a 62 ans. Notre mission c’est aussi d’embaucher des séniors sur nos chantiers d’insertion. L’État nousdemande que 60% des personnes aient une sortie « positive » (obtention d’un CDI/CDD, d’une formation qualifiante, mais aussi exceptionnellement de les accompagner jusqu’à la retraite).
Vous avez lancé une campagne de financement participatif pour Le Potager du Bois : à quoi serviront les fonds levés ?
Sur la parcelle du Potager du Bois, nous avons obtenu des financements de la part des Fondations Carrefour et Truffaut, mais uniquement pour financer un certain type de matériels. Or nous avons besoin d’un véhicule pour nous approvisionner et réaliser des ventes en direct. Nous souhaitons acheter un véhicule électrique. Nous envisageons aussi de faire des ventes place Daumesnil dans le 12ème, 2 à 3 fois par semaine. Nous avons besoin d’un véhicule car il y a 5 km parcourir. Soit un fourgon électrique, soit des vélos électriques pour aller porter notre production jusqu’au 20ème arrondissement. Nous ne pourrons pas faire l’économie d’un véhicule, aujourd’hui il c’est le maillon manquant du projet.
Y a-t-il un élément caractérisant l’Association ou bien Le Potager du Bois que vous souhaiteriez aborder pour conclure ?
J’aimerais savoir dans quelle mesure les principes du Potager du Bois sont réplicables. Nous allons expérimenter des choses. Nous disposons d’un lieu pédagogique, avec 50 mille visiteurs par an. Nous allons mener des campagnes de sensibilisation. Un axe de développement est de voir comment l’on peut tisser des liens avec des maraichers en pleine terre, en Ile-de-France, assez proches. Aujourd’hui nous avons le Potager, c’est la Ville de Paris qui nous a mis à disposition ce terrain. Mais après pourquoi ne pas dupliquer ce concept avec d’autres communes. Le but ultime serait de reconstruire une ceinture maraichère autour de la grande couronne parisienne. C’est peut-être un doux rêve mais il y a des appels à projets qui vont dans ce sens-là : rapprocher la ville à la campagne. Nous allons donc nous rapprocher d’exploitation de maraichage bio d’Ile-de-France pour essayer de créer des ponts.
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